MAURICE CARÊME
 

 

INSTITUTEUR : 1918 – 1943

Ecole primaire n°2 – chaussée de Mons, 884 – 1070 Bruxelles

 

 

 

 

 

 

 

 

    

 

                    Maurice Carême et deux de ses collègues

                    cour de l'Ecole communale n°2 à Anderlecht  

                        archives de la Fondation Maurice Carême                                                                      

 « Ce matin-là, en arrivant à l’école, je remarquai que mes collègues avaient les bras chargés de paquets.
     - Mon Dieu ! Comment ai-je pu l’oublier ! Cette semaine, on fête les mères.
     Je me précipitai au magasin voisin de l’école. J’achetai ce que je pus y trouver : des feuilles de papier de dessin blanc et du ruban de couleur.
     - Que faire ? me dis-je en entrant dans ma classe située au premier étage.
     J’offris à résoudre à mes élèves une série de calculs afin de me donner le temps de la réflexion. Dès que je les vis au travail, je me tournai vers le tableau noir et me saisis d’une craie. J’écrivis d’une traite :
                                        Il y a plus de fleurs
                                        Pour ma mère, en mon cœur,
                                        Que dans tous les vergers ;

                                       Plus de merles rieurs
                                       Pour ma mère, en mon cœur,
                                       Que dans le monde entier ;
 
                                      Et bien plus de baisers
                                      Pour ma mère, en mon cœur,
                                      Qu’on en pourrait donner.

    Je fus surpris en relisant les vers que je venais de rédiger. Je découpai des cœurs dans le papier blanc, les distribuai aux élèves et leur fis recopier soigneusement le poème. Ce fut à qui trouva les dessins les plus originaux et réalisa le plus beau noeud. Ce n’est que bien plus tard que je pris conscience de la grâce aérienne du poème que j’avais écrit ce jour-là. Je le publiai en 1947 dans La lanterne magique.
 

L’ECOLE

L’école était au bord du monde,
L’école était au bord du temps.
Au dedans, c’était plein de rondes ;
Au dehors, plein de pigeons blancs.

On y racontait des histoires
Si merveilleuses qu’aujourd’hui
Dès que je commence à y croire,
Je ne sais plus bien où j’en suis.

Des fleurs y grimpaient aux fenêtres
Comme on n’en trouve nulle part,
Et, dans la cour, gonflée de hêtres,
Il pleuvait de l’or en miroirs.

Sur les tableaux d’un noir profond,
Voguaient de grandes majuscules
Où, de l’aube au soir, nous glissions
Vers de nouvelles péninsules.

L’école était au bord du monde,
L’école était au bord du temps.
Ah ! que ne suis-je encor dedans
Pour voir, au dehors, les colombes !

                                   LA FLÛTE AU VERGER

           
LITANIE DES ECOLIERS

Saint Anatole,
Que légers soient les jours d’école !

Saint Amalfait,
Ah ! que nos devoirs soient bien faits !

Sainte Cordule,
N’oubliez ni point ni virgule.

Saint Nicodème,
Donnez-nous la clé des problèmes.

Saint Tirelire,
Que Grammaire nous fasse rire !

Saint Siméon,
Allongez les récréations.

Saint Espongien,
Effacez tous les mauvais points.

Sainte Clémence,
Que viennent vite les vacances !

Sainte Marie,
Faites qu’elles soient infinies !

                                      PIGEON VOLE

                                      © Fondation Maurice Carême

 
 

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