MAURICE CARÊME
 

 

CAPRINE - ANDREE GOBRON (1897 - 1990)

Institutrice

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     

Caprine Carême

archives de la Fondation Maurice Carême

       « Qui est Caprine ? Au début, je donnai ce nom à ma femme à cause de la vivacité et de la spontanéité de ses actes, de ses réflexions et même de ses réflexes. Capra - en latin - signifie chèvre - d’où ce nom. Le croquis des « Illustrations » est essentiellement son portrait. Plus tard, ce nom de Caprine évolua et devint rapidement - d’une image physique qu’il était - une image mentale. Cette image mentale ne pouvant pas me servir à exprimer toute ma personnalité - puisque j’avais connu d’autres femmes - et que, de plus, je me servais constamment de mes souvenirs - notamment de ceux qui se rapportaient à toi - cette image mentale précise s’élargit considérablement et finit par signifier la femme idéale, celle que tout homme porte au plus profond de lui-même. Et maintenant Caprine n’est plus pour moi qu’un symbole de l’amour. C’est un mot qui, une fois vidé de son contenu physique, a été bourré de tous mes désirs, de toutes mes fantaisies, de tous les fantômes de mon imagination. Tu fais donc partie actuellement de ce Caprine qui n’est plus qu’une fiction de poète. Tu dois avoir souffert - comme tout le monde - de cette dualité, de cet antagonisme qui existe entre le rêve et la réalité - entre la vie matérielle et la vie que nous imaginons. C’est ce qui fait à la fois la douce puissance et la mélancolie profonde des souvenirs, la splendeur des rêves d’avenir, la divinité de l’espoir. (…)

lettre de Maurice Carême adressée à la poétesse, Julia Tulkens, le 15 février 1929

 

LE BLE EST BLOND…

 

Le blé est blond. L’abeille est blonde.

La croûte du pain frais est blonde.

La compote, au creux du bol rond,

Et le miel sur le pain sont blonds.

 

Et la pluie au soleil est blonde

Et le soleil est l’enfant blond

Qui offre en ses mains de lumière

De délicieuses choses blondes.

 

Comment ne serais-tu pas blonde ?

 

LIGNE DE FLOTTAISON

Dégoût.

 

Dégoût de tout

Et de moi-même.

 

Et de l’amour

Et de ses gestes.

 

Et de ces poèmes

Où ma vanité

Bourdonne comme un insecte

Qui se croit tout l’été.

 

Ah ! me retrouver

Sur les genoux de ma mère

A sept ans, un soir d’hiver…

 

                                           CHANSONS POUR CAPRINE
                                         
 © Fondation Maurice Carême

 

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